-par une réfugiée Ukrainienne
Le dessin est libre, aucune consigne n’est donnée.
Elle a envie de dessiner un paysage. On sent qu’il est un peu mouvant. Elle est en effet déracinée de son pays, et est actuellement prise en charge avec sa fille de 20 mois par l’association SOS Village d’enfants à Bucarest. Elle vient du Dombass.
2e dessin. Puis le 3e.
Elle dessine ensuite un personnage « bâton » masculin, son mari, puis elle même et leur petite fille. Ils ont l’air de fantômes, comme si ils n’existaient pas vraiment. Le mari, est de couleur bleu froid… je lui demande où il est en Ukraine. Elle ne sait pas, elle n’a aucune nouvelle de lui. Elle se met à pleurer, ce qui lui permet de soulager sa tristesse et sa peur de ne pas savoir s’il est vivant ou mort.
4e dessin
Pour renvoyer à sa psyché l’espoir qu’ils se retrouvent un jour tous les trois, je lui propose de transformer les personnages. Il s’agit de les habiller, leur dessiner de « vrais » bras, mains, jambes, et surtout une couleur de peau pour créer une sensation de vie, de personnages vivants.
Et non comme précédemment des personnages définis par la couleur de leurs émotions, « vidés » par le sentiment de l’absence du père, et l’inquiétude sur sa vie.
Elle transforme progressivement tout le dessin.
Une famille réunie. et plus » réelle » apparaît, qui semble maintenant faire face avec détermination à la situation.
Ça lui fait beaucoup de bien, et ça lui redonne de l’espoir sur cette issue positive: se retrouver ensemble tous les trois.
Sophie Latron